Rénovation d’un corps de logis de ferme en foyer familial


Cette ancienne ferme, construite aux environs de 1850 à la frontière entre la Belgique et la France, a été achetée afin d’être transformée en habitation.

Au moment de l’acquisition, le lieu n’était pas vraiment habitable au regard des ‘standards’ de confort actuels. L’eau était raccordée, ainsi que le gaz et l’électricité, mais c’était à peu près tout.

Architecte de formation, spécialisée en conseil en énergie, Laurence Vandormael a souhaité, avec son mari, une transformation dans le respect de l’identité même du bâtiment associé à la volonté d’atteindre une performance énergétique optimale.

Elle s’est ainsi penchée sur la question de la réhabilitation sans hésiter à puiser dans ses expériences et connaissances professionnelles.

La ferme n’avait connu jusque là aucune rénovation majeure. Les nouveaux propriétaires ont pu démarrer leur projet sans crainte de mauvaises surprises dues à un précédent rafistolage.

Dans un premier temps, ils ont choisi de travailler sur le volume intérieur afin de conserver l’aspect original de la ferme. Celui-ci n’étant pas conséquent, un plus grand espace a alors été créé à partir de deux pièces existantes.

En tant qu’architecte, je me suis rendue compte que le bâtiment dans sa conception d’origine ne permettait pas de tirer parti au mieux du paysage et de l’ensoleillement.” Toutefois, chaque intervention a été mesurée en fonction de sa capacité à pouvoir re- venir sur l’existant ou à évoluer davantage. “Nous souhaitions que les choix posés lors de la rénovation ne soient pas contraignants pour le futur. Les opérations se devaient d’être à la fois sobres et respectueuses du lieu tout en visant la création d’un intérieur agréable et cohérent.”

Le corps de logis, qui s’est avéré être une étable à l’origine, bénéficiait de murs en briques épais et, au plafond, des voussettes étaient apparentes.

  • De la fibre de bois a été posée sur les murs avec un enduit à l’argile pour la finition, des matériaux naturels mieux adaptés à une rénovation respectueuse et durable du bâti et permettant la respiration des parois.
  • Pour ramener de la lumière dans le corps de logis, des baies vitrées ont été créées, ce qui a également permis de bénéficier de l’apport énergétique solaire.
  • Au niveau du sol, des panneaux de liège expansé doublé d’un OSB ont été déposés à même le sol et recouverts de dalles de linoléum en finition. Cette pratique de “pose flottante” a été motivée par la présence d’un carrelage d’origine en ciment, carrelage qui fait partie de l’identité de cette ferme avesnoise. “Nous aurions pu poser des choix plus radicaux pour l’isolation, mais le respect des lieux a généralement primé sur la performance énergétique.”

Pour chacun des choix posés, le couple a pris le temps d’étudier en profondeur les différentes solutions. “D’une part, nous souhaitions limiter au maximum la prise de risques et d’autre part, notre volonté d’avancer dans le respect des règles de l’art.” Autre exemple de possibilité d’évolution, les meubles de la cuisine restent amovibles afin d’être déplacés dans le futur vers l’ancien fournil.

Le toit n’a pas encore fait l’objet d’une transformation pour l’isolation. Il a fallu trouver une solution provisoire pour réduire la déperdition de chaleur avec une solution amovible. “Ce sont des ballots de paille qui ont été déposés à même le plancher. Il s’agit d’un excellent isolant qui, sous cette forme, atteint 40 cm d’épaisseur. Les ballots peuvent être déplacés facilement. Enfin, comme nous vivons dans une ferme, il n’y aura pas de difficulté à réemployer ce matériau.” Et le système est efficace puis qu’associé aux autres dispositifs, la consommation a été divisée par quatre.

À l’intérieur, un poêle à pellets a été installé pour chauffer l’ensemble de cette première partie rénovée. De même, le bâtiment accueille des toilettes sèches, ce qui permet de limiter les eaux à épurer.

De nombreuses étapes ont été assumées en autoconstruction. “L’avantage a été de pouvoir appréhender les choix petit à petit.” Au final, cette approche a donné une grande cohérence à l’ensemble et a révélé les évidences du projet.

Cependant, certaines opérations devaient être confiées à des entreprises professionnelles. Une autre difficulté est alors apparue : trouver des corps de métiers qui combinaient dans leur approche un certain respect patrimonial, un souci de qualité et une accessibilité au niveau des coûts.

Il reste encore quelques évolutions à mettre en route, comme l’isolation de l’étage avec toiture en sarking dans l’optique de garder la charpente apparente, la réalisation d’une extension pour créer la liaison avec une dépendance de la ferme et l’aménagement de la cuisine dans le fournil, au sein de cette même dépendance, avec une remise en service du four traditionnel.

En se lançant dans ce projet de rénovation, la volonté des propriétaires était également de diffuser leur expérience aux futurs rénovateurs et de montrer qu’il est possible d’adapter un lieu à ses besoins tout en alliant respect de sa typologie et amélioration énergétique.

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