Ce projet de réhabilitation s’inscrit dans le projet d’envergure « Lille Quartiers anciens » mené par La fabrique des quartiers SPLA pour le compte de la Métropole Européenne de Lille et la Ville de Lille.
Son objectif : recycler et remettre sur le marché des logements réhabilités, adaptés aux modes de vie actuels et lutter contre la précarité énergétique dans les quartiers anciens dégradés. Cette mission comprend également le relogement et l’accompagnement social des ménages vivant dans les logements indignes identifiés.
Dans ce cadre, l’immeuble du 51 Boulevard Montebello est acquis dans un but de réhabilitation totale, l’ancien propriétaire, un bailleur privé, n’ayant pas souhaité réaliser les travaux prescrits. Le bâtiment, initialement composé de 4 logements et d’un local commercial (bar PMU) est dégradé extérieurement et dans un état d’insalubrité avérée.
Une fois l’immeuble acquis et les locataires relogés, les études de maîtrise d’œuvre sont réalisées. Un architecte est désigné fin 2014, le bureau D’Houndt + Bajart Architectes. Un programme et un projet sont définis début 2015 et une autorisation d’urbanisme est octroyée par la Ville de Lille en septembre 2015 pour la réalisation d’un immeuble de 3 logements et d’un local d’activité.
L’immeuble, d’une superficie de 310 m², et datant du milieu du 19ème siècle possède de nombreuses qualités : l’esthétisme de sa façade caractéristique de l’époque (modénatures et pilastres), sa localisation, sa typologie d’immeuble d’angle permettant de travailler sur une double orientation des logements et de leur offrir différentes vues sur l’extérieur, mais aussi d’apprécier la façade selon plusieurs points de vues. Néanmoins, au niveau des faiblesses, on peut lister : peu de parties communes, la présence d’amiante, les performances énergétiques d’un autre temps, l’insalubrité et l’inadaptabilité des logements.
Le chantier débute par le désamiantage de l’immeuble. Puis l’intérieur du bâtiment est désossé et les cloisons intérieures sont abattues. Seuls restent les façades, les planchers et la charpente de toiture. Tout est refait à neuf. La charpente sera révisée, une nouvelle couverture en tuiles habillera la toiture qui sera isolée à l’aide de 20 cm de laine minérale. Les murs et les planchers recevront 15 cm du même isolant. L’étanchéité à l’air sera soignée, avec notamment une membrane sans interruption sur la hauteur des murs du bâtiment et en sous face de l’isolant en toiture. « Ce chantier est tout-à-fait classique au niveau énergétique » explique Suzanne Lombard de la Fabrique des Quartiers, « il a néanmoins fallu ouvrir une trémie dans les planchers des étages pour faire monter les matériaux et limiter l’emprise sur l’espace public. »
Moins classique par contre, l’ampleur du chantier nécessaire pour restaurer l’aspect extérieur du bâtiment, surtout dans le cadre d’un immeuble destiné à du logement social. La façade a été littéralement reconstituée, dans le respect des techniques de l’époque. « La difficulté a été de trouver des artisans capables de réaliser ce travail de moulage des enduits » constate Vincent d’Houndt l’architecte chargé du projet. « Un des ouvriers a même recréé certains outils, selon le gabarit des moulures des colonnades. La réalisation est clairement proche d’une reconstitution d’un bâtiment historique. » On sent l’achitecte séduit par le bâtiment, il est vrai fort bien dessiné et généreux dans ses volumes et ses surfaces vitrées. « Ce bâtiment ne pourrait être construit aujourd’hui en neuf, ou bien il serait impayable, à cause des normes énergétiques. D’où l’intérêt de réhabiliter ce bâti, tout en gardant l’esprit qui a prévalu à sa conception : offrir des volumes agréables à vivre. »
On croit sans difficultés l’architecte, car le nombre de logements est passé de 4 à 3, des appartements 2 chambres qui ménagent un confort agréable et lumineux à leurs occupants. Le changement des volumes s’est poursuivi avec le déplacement de l’escalier reliant le rez-de-chaussée au 1er étage, ce qui a permis de créer un hall d’entrée avec des parties communes dignes de ce nom. La création de commodités (cour extérieure, local poubelle dédié, WC PMR) et la remise en état de la cave de 70m² ont complété les aménagements pratiques.
Dernier point mais d’importance : au fil du temps, le bâtiment avait été découpé et revendu à différents propriétaires. « Nous n’avons pu acheter que la moitié de la réelle superficie du bâtiment originel » regrette Suzanne Lombard. « Par contre, ce projet a permis d’impulser un réel effet multiplicateur. Les propriétaires des immeubles mitoyens, ont fait rénover leurs toitures et leurs façades au même moment et avec les mêmes techniques, et ont participé aux frais de remplacement de la porte d’entrée commune. »
Type de bâtiment : Habitat Collectif / Habitat Social
Localité : Lille (France)
Surface du bâtiment : 253 m²
Date de construction initiale : Autour de 1850
Date de rénovation : Janvier 2016 à Mars 2017
Consommation énergétique : 103 kWhEP/m²/an
Architecte
Agence D’HOUNDT+BAJART www.dhoundtplusbajart.fr
Isolants utilisés et épaisseur :
Toit : Laine de roche (20cm)
Murs : Laine de roche (12cm)
Plancher : Laine de verre (18cm)
Entreprise(s) ayant collaboré au projet
REMI (gros oeuvre / toiture /façade/ etc.)
COPYRIGHT : Sébastien Jarry