Dans le bâtiment, la qualité naît de la coordination. Cette conférence l’a rappelé avec force : les meilleures menuiseries ou isolants ne servent à rien si les interfaces entre métiers sont négligées. Observer, communiquer et anticiper : trois réflexes pour construire durablement.
Enjeu central du bâtiment durable , la bonne coordination entre les corps de métiers est essentielle pour assurer la qualité de l’enveloppe, en particulier l’étanchéité des raccords entre les menuiseries, les murs et les systèmes d’isolation par l’extérieur (ETICS). La majorité des malfaçons rencontrées sur les chantiers découlent non pas de la mauvaise volonté des intervenants, mais d’un manque de communication et d’anticipation.
Objectif annoncé de la formation
Celui-ci était clair, changer la manière de regarder un chantier. Comme dans une forêt où un champignon en cache souvent d’autres, une malfaçon en révèle généralement plusieurs. Le conférencier invitait les futurs architectes et ingénieurs à développer une véritable culture du détail, à apprendre à observer, comprendre et anticiper les points critiques avant qu’ils ne deviennent des désordres.
Très vite, le propos s’est concentré sur le rôle de la coordination. Le bâtiment est un puzzle complexe : maçons, menuisiers, plafonneurs, façadiers, couvreurs, chacun intervient à un moment précis, souvent sans savoir exactement ce que les autres feront. Les cahiers des charges, même bien rédigés, ne précisent presque jamais qui doit réaliser les raccords entre deux corps de métiers. Résultat : ces zones d’interface – notamment autour des baies – deviennent les failles du bâtiment.
L’intervenant a alors détaillé des situations concrètes rencontrées sur chantier : des menuiseries posées dans le mur porteur sans étanchéité périphérique, des membranes oubliées ou mal placées, des supports perméable à l’air et au vent faits de blocs collés à la mousse de polyuréthane… Ces erreurs, souvent invisibles à la réception, se manifestent ensuite par des infiltrations, des ponts thermiques ou des désordres acoustiques.
La règle à retenir, rappelée à plusieurs reprises, est celle du « Qui fait quoi, quand ? ».
Le formateur a également insisté sur la diversité des acteurs à gérer dans un projet, y compris le maître d’ouvrage, les voisins, ou encore l’urbanisme. Chaque décision technique – choix d’un châssis, type d’isolation, méthode de pose – doit être argumentée et documentée. Face à un entrepreneur qui dit « On a toujours fait comme ça », l’architecte doit pouvoir s’appuyer sur les règles de l’art et les documents normatifs pour justifier ses choix.
Un rappel méthodologique a ensuite été fait sur les types de murs : mur creux, mur plein, ossature bois, acier léger… Selon le système constructif, la position de la menuiserie et les solutions d’étanchéité varient considérablement. En Belgique, les références principales sont les NIT (Notes d’Information Technique) publiées par Buildwise, notamment la NIT 209 pour les menuiseries extérieures et la NIT 257 pour les systèmes ETICS.
Les menuiseries, qu’elles soient en PVC, aluminium ou bois, doivent être posées avec des pattes de fixation adaptées, la première à 20 cm du bord et ensuite tous les 60 à 80 cm selon le matériau. Ces fixations assurent la stabilité mécanique, tandis que la mousse PU et les joints de silicone ne doivent jamais être considérés comme des éléments structurels. Les raccords entre châssis et isolation doivent garantir à la fois la continuité thermique et l’étanchéité à l’eau et à l’air.
Pour illustrer ces principes, plusieurs photos de chantiers ont été commentées : DIBA placés trop haut, membranes collées au mauvais endroit, ponts thermiques évidents au niveau des linteaux… Le conférencier a comparé le DIBA à un parapluie : mal positionné, il laisse passer l’eau. Placé trop haut, il ne protège plus la menuiserie.
Autre exemple récurrent : les cornières de façade (KORBO), souvent installées sans continuité d’étanchéité. Les solutions existent pourtant, comme les systèmes de cornières étanches ou les rupteurs thermiques, mais elles sont rarement prescrites ou mal comprises.
Le message principal : le produit seul ne garantit rien ; c’est sa mise en œuvre correcte qui fait la différence.
La dernière partie de la conférence portait sur les principes techniques essentiels à respecter : stabilité, étanchéité à l’eau, isolation thermique, étanchéité à l’air et résistance au vent. Ces cinq exigences doivent guider la conception et la réalisation de tout raccord entre menuiserie et mur. Une attention particulière doit être portée à la continuité des couches fonctionnelles et à l’absence de ponts entre intérieur et extérieur.
Pour conclure, le conférencier a souligné la responsabilité partagée entre tous les intervenants. En cas de désordre, les experts répartissent la faute : architecte, entrepreneur, menuisier peuvent chacun être tenus pour partie responsables. D’où l’importance de documenter les choix techniques, de photographier les étapes critiques et d’établir une traçabilité complète.
En résumé, la qualité d’un bâtiment ne dépend pas uniquement des matériaux ou des produits utilisés, mais surtout de la coordination humaine et du respect méthodique des règles de l’art. La vigilance, la communication et la culture du détail sont les meilleures garanties contre les pathologies futures.
Une menuiserie bien posée n’est pas celle qui ferme un trou, mais celle qui s’intègre durablement dans une enveloppe cohérente et étanche.
Résumé de la conférence - Projet Interreg REnversC - Espace Environnement - 09 octobre 2025
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